Défense : mobilisation générale pour le financement des entreprises

Dans cet article d’Option Finance, Christian Berling , Associé, et Jean-Charles Dousseau, senior manager chez Eight Advisory, donnent leur point de vue sur les écueils que rencontrent les entreprises du secteur de la défense pour se financer, en dépit de leur forte croissance et des commandes en hausse.
Malgré des carnets de commandes bien remplis, les 4500 entreprises constituant la base industrielle et technologique de défense (BITD) doivent affronter des contraintes structurelles importantes : cycles de production longs, marges réduites et sous-capitalisation. Beaucoup sont des PME familiales peu habituées à la production en série. Les retards de paiement, notamment dans les chaînes de sous-traitance, aggravent leur fragilité financière, même si des dispositifs comme les acomptes versés par la direction générale de l’Armement (DGA) offrent un certain soutien.
« Beaucoup d’entreprises opérant dans le secteur sont des entreprises familiales qui ont structurellement des fonds propres assez faibles, indique Christian Berling, associé au sein du cabinet de conseil Eight Advisory et co-auteur de Financer l’industrie de défense. De plus, si le sujet du BFR est assez classique pour les industries, celles de la défense sont confrontées à une forte montée en cadence alors qu’elles n’ont pas l’habitude de produire en série mais plutôt de faire de l’ « industrie artisanale. »
« La France a choisi un modèle d’armée échantillonnaire, c’est-à-dire qu’elle souhaite disposer d’une relativement large variété de matériel, en nombre réduit, lui permettant de faire face à de nombreuses situations, et ce n’est pas le cas de beaucoup d’armées en Europe. Cela explique en grande partie l’importance mais aussi l’éclatement de la BITD. » – Jean-Charles Doussau, senior manager chez Eight Advisory
Pour répondre à ces défis, l’État et les acteurs privés mettent en place de nouveaux outils. Si les établissements bancaires développent des solutions de financement, de nouvelles sources de financement émergent aussi via la Bourse ou le private equity. Exosens, par exemple, s’est introduite en Bourse après plusieurs LBO. Le durcissement des règles sur les investissements étrangers, bien qu’encore présent, tend à s’assouplir.
« Le secteur présente des atouts pour les investisseurs avec un fort taux de croissance, une visibilité des revenus et des multiples de valorisation élevés dans un environnement marqué par des cycles longs de production , observe Christian Berling, Associé chez Eight Advisory. C’est donc indéniablement un secteur attractif en dépit de la contrainte potentielle du contrôle des investissements lors de la revente. » – Christian Berling
L’écosystème financier s’organise pour capter davantage de capitaux privés. L’Autorité des marchés financiers (AMF) facilite l’agrément de fonds spécialisés, tandis que plus de 80 fonds s’organisent pour permettre aux particuliers de participer au financement du secteur. Avec une France en position de 2e exportateur mondial d’armement, le secteur attire les capitaux et participe pleinement à la souveraineté économique nationale.
Retrouvez la version intégrale de cet article de Lara Rinaldi publié dans Option Finance le 30 mai 2025 et notre livre blanc Financer l’industrie de défense.