Backlash anti-ESG aux Etats-Unis : « L’onde de choc américaine crée une fenêtre historique pour l’Europe »

Dans cette tribune publiée dans Les Echos, Arnaud Syoen, Directeur chez Eight Advisory, commente le retrait de « l'offre » américaine en matière d’investissement durable, et les opportunités qui peuvent en découler pour les gestionnaires d’actifs européens.
Avec le retrait progressif des grands acteurs financiers américains des initiatives ESG (environnement, social, gouvernance), motivé par un climat politique devenu hostile à ces enjeux, notamment sous l’influence croissante des Républicains et de Donald Trump, le paysage de la finance durable est en voie de recomposition. En attestent des mouvements concrets de capitaux qui commencent déjà à s’opérer en faveur de l’Europe :à titre d’exemples, The People’s Pension (Royaume-Uni) a confié 25,2 milliards de dollars à Amundi ; AkademikerPension (Danemark) a retiré 480 millions de dollars d’un gestionnaire américain.
« Dans ce nouveau paysage, l’Europe dispose d’un avantage compétitif certain : sur 35 sociétés les plus actives en engagement actionnarial, 30 sont européennes et les français sont très bien positionnés ». – Arnaud Syoen.
, des obstacles subsistent : la rivalité entre places financières européennes et les divergences d’application des réglementations ESG freinent l’émergence d’une offre unifiée. Par ailleurs, la fragmentation du marché rend difficile la montée en puissance d’acteurs capables de rivaliser avec les géants américains à long terme, surtout si ceux-ci reviennent en force après un changement de contexte politique.
D’après Arnaud Syoen, une stratégie européenne coordonnée et proactive est nécessaire pour capitaliser sur cette dynamique et identifie trois leviers clés : attirer les capitaux américains en adaptant l’offre ESG à leurs contraintes culturelles et juridiques, harmoniser les approches entre standards européens et nord-américains, et développer une offre française distinctive et mesurable, notamment sur les stratégies bas carbone. Selon lui, cette « onde de choc » américaine pourrait permettre à la France et à l’Europe de prendre une position de leadership assumé dans la finance responsable mondiale.
« Pour les acteurs français, l’enjeu est stratégique. Il s’agit moins de suivre la dynamique que de l’anticiper, en se positionnant comme partenaires de référence pour une finance responsable crédible, technique, exigeante. »
Retrouvez la version intégrale de cette tribune publiée le 17 juin 2025 dans Les Echos.