Tech M&A : Enjeux et facteurs clés de succès pour les acteurs du Private Equity

L’équipe Technology & Transformation d’Eight Advisory a mené cette année une étude sur l’importance de la Tech pour les fonds d’investissement. L’analyse a porté sur les trois phases de la vie d’un deal, de l’acquisition à la sortie, en passant par la transformation. L’objectif de cette enquête est de comprendre comment les fonds abordent la question technologique à chacune de ces étapes et d’identifier les enjeux majeurs liés aux problématiques IT dans le contexte actuel.

Au total, plus de 30 fonds d’investissements ont répondu à l’enquête, via des interviews menées auprès de directeurs d’investissement, de directeurs généraux et d’operating Partners. L’enquête a dernièrement été restituée lors d’un événement ouvert aux fonds d’investissements, mais également aux clients de l’équipe Technology & Transformation, notamment les CEO et DSI, qui évoluent au sein des entreprises dans un contexte de LBO (Leveraged buy-out ou rachat avec effet de levier en français).

De plus en plus d’IT/Tech due diligence lors d’une acquisition

Jean-Christophe Fuzzati, partner en charge de l’équipe Technology & Transformation, qui intervient avec son équipe tant sur des missions de stratégie IT et transformations que dans des contextes de deal et d’intégration post-acquisitions, toujours sur le volet Tech, a présenté les principales conclusions de l’étude.

Ainsi, a-t-il précisé :

« L’IT joue un rôle de plus en plus important dans les opérations de fusions et acquisitions, avec 93 % des répondants qui partagent traiter les enjeux technologiques comme un enjeux à part entière, dans le cadre d’une opération financière. Nous le voyons au quotidien et de plus en plus avec les grandes évolutions autour du digital et de l’intelligence artificielle qui ouvrent de nouveaux champs de création de valeur .

« La Tech impacte les analyses business et financières d’un asset, avec de plus en plus d’IT due diligence menées dans le cadre d’une acquisition, que ce soit côté vendeur ou côté acheteur, pour traduire ces impacts. Là où 78 % des personnes sollicitées confirment mettre en œuvre les moyens nécessaires pour avoir un bon niveau de visibilité sur les investissements IT nécessaires sur les années à venir .

Jean-Christophe Fuzzati a ensuite ajouté :

« Il arrive de plus en plus que des analyses de l’existant soient sollicitées juste après un deal, lorsque cet exercice n’a pas été réalisé en amont, pour établir la capacité du système d’informations à accompagner la stratégie d’entreprise et réévaluer les investissements »

La Tech, un levier pour le business

L’enquête montre que 74 % des répondants considèrent la Tech comme un levier pour le business, lorsque la feuille de route IT est en ligne avec la stratégie d’entreprise. D’après le partner d’Eight Advisory, « ce dernier point explique, en partie, pourquoi la Tech peut être une source d’échec d’un deal ». D’ailleurs, un répondant sur cinq a déjà été témoin d’une opération n’ayant pas aboutie pour des raisons en lien avec la technologie.

« Ce n’est que le début ! En effet, ce phénomène tend à s’accroître dans les années à venir, puisque des sujets tels que la résilience et la cybersécurité entrent dans les préoccupations grandissantes dans le contexte d’une opération », a souligné Jean-Christophe Fuzzati.

Avec grand étonnement, Jean-Christophe Fuzzati a également révélé que

« seuls, six répondants sur dix considèrent la cybersécurité parmi l’une des trois priorités tech majeures, dans un contexte de vente ou de rachat. Sachant qu’un contexte de deal augmente la visibilité d’une entreprise et donc le niveau de risque, la cybersécurité est de notre point de vue l’un des axes qui devrait faire l’objet d’une analyse systématique, d’autant plus qu’en fonction du niveau de maturité, des investissements conséquents peuvent être nécessaires ».

Des enjeux Tech qui évoluent au cours de la vie d’un asset

L’enquête détaille ensuite, par phase, les défis en lien avec l’IT auxquels font face les fonds d’investissements. La préoccupation majeure en phase de deal porte sur les coûts one-off, ou autrement dit, les coûts ponctuels liés à l’opération, et les projections de coûts d’investissement Tech.

« Les due diligence IT répondent à ce besoin d’évaluation des coûts : il est indispensable d’étudier le niveau de legacy et d’obsolescence au sein d’un actif, car ces coûts vont se traduire en investissements cruciaux, qui vont varier en fonction de la dynamique de croissance. Par ailleurs, il est également possible de mettre à profit l’IT Due Digilence pour évaluer les coûts de séparation, au regard notamment des potentielles synergies, si le contexte est celui d’une intégration », a partagé Jean-Christophe Fuzzati.

En phase de transformation ensuite, les reporting financiers constituent à 79 % la priorité majeure des actionnaires. Cette phase est également celle au cours de laquelle la définition et le suivi d’un schéma directeur des systèmes d’information permet de mobiliser l’IT pour l’atteinte des enjeux business.

« Nombreuses sont les entreprises qui creusent l’écart entre la stratégie et la technologie. La définition d’une feuille de route IT, sur laquelle nous sommes sollicités de façon croissante, doit permettre de garantir que tous les besoins ont été, a minima, identifiés puis priorisés pour répondre aux contraintes de l’actionnaire, du business et de chaque métier en interne, avec la bonne traduction de ces enjeux en termes de coûts et d’organisation Tech », a analysé le partner de l’équipe Technology & Transformation.

L’étude montre que cela doit permettre d’anticiper la dernière phase d’exit, ou sortie de la participation, au cours de laquelle, pour 52 % des répondants, l’enjeu clé est celui d’être en capacité de démontrer la robustesse de son environnement tech pour accompagner le business plan.

« La data, l’IA, le digital et l’IT sont ainsi au cœur de l’Equity story. Les prismes de création de valeur qui en découlent n’ont cessé d’évoluer et génèrent d’ailleurs de nouveaux enjeux d’intégration au sein de l’asset. L’inertie qui résulte de l’activation de ces leviers constitue un réel terrain de jeu au sein d’un actif en phase de rétention. C’est notre rôle aujourd’hui, d’accompagner les fonds et les entreprises dans cette mise en mouvement », a conclu Jean-Christophe Fuzzati.

Retrouvez la version intégrale de l’article de Maxime Monniotte publié dans les Affiches parisiennes le 7 octobre 2024.